C'était toujours le même discours, toujours la même rengaine : « Shelton, faites ceci. Shelton, faites cela. » A croire que Dumbledore manquait de personnel, dans son collègue pouilleux. Certes McGonagall et Slughorn devenaient trop séniles pour se voir confier des missions d'une haute importance mais tout de même, ils auraient pu surveiller une quinzaine d'étudiants pendant une heure, non ? Et encore ! Ils étaient censés être calmes, hein ! Pas des adolescents survoltés, simplement une troupe de Serdaigles en puissance qui passeraient leur temps le nez dans leurs bouquins. Pas de quoi fouetter un chat. Mais non. C'était toujours Andrew. Toujours. Ou Lilith, quelques fois, mais elle s'en plaignait tout autant que lui. Et puis, ce n'était pas très galant de lui remettre le sale boulot. C'était donc contre son gré, contre sa volonté – s'il en avait une – qu'Andrew se débarbouilla brièvement, qu'il s'habilla rapidement avant de foncer vers la salle d'étude.
Lorsqu'il entra dans la salle, celle-ci était pleine. A croire que la neige forçait les élèves à étudier... A croire qu'ils n'avaient que ça à foutre, de lui pourrir sa matinée. C'était Mia Bellemare qui les surveillait depuis une heure déjà. Et elle fût plutôt soulagée de voir Andrew arriver à temps. Si elle était heureuse de le voir, lui pas vraiment. Tant qu'elle continuerait à faire étudier les moldus aux élèves, il la détesterait. Elle lui souffla un « Bonne chance » à l'oreille et sortit rapidement de la salle d'étude. En gros, il devait se démerder. Il inspira un bon coup et tapa dans ses mains. Le bruit se réverbéra dans la pièce et attira l'attention des élèves plongés dans leurs devoirs. « Bon, les cocos. A la mine de Mademoiselle Bellemare, soit vous êtes insupportables, soit elle a très mal dormi. Et je pense, à en croire les ronflements qui ont réveillé Peeves, qu'elle a très bien dormi, figurez-vous. » Des ricanements s'élevèrent d'une table où quelques Serpentards traînassaient. La plaisanterie n'amusait pas vraiment les autres. Andrew était même sûr que certains allaient s'empresser de lui raconter en sortant d'ici. Mais peu importait. « OK. Sachez qu'il sera dix heures dans quelques minutes donc ceux qui ont cours l'heure suivante, vous pouvez quitter la salle dès maintenant. J'en aurais moins à surveiller. » Presque immédiatement, quelques élèves rassemblèrent leurs affaires et quittèrent la salle en trombe. Sauvés par le gong ? Certainement. « Et faites-moi plaisir, tenez-vous tranquille. Je suis prof', pas gardien de zoo. Je ne suis pas là par bonté de cœur. » Il s'installa au bureau qui était, il y a quelques minutes encore, occupé par l'autre professeur, et sortit la Gazette du Sorcier de ce matin dont il entama la lecture.
Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient le journal, le visage d'Andrew pris une teinte blanchâtre. Chouette, il faisait la une. Après tout, être mangemort rapportait une certaine célébrité. Il lut le gros titre à voix haute, sans s'en rendre compte, interrompant brièvement le travail des élèves : « La Marque des Ténèbres aperçue au dessus du Ministère : un membre du Magenmagot assassiné. » Il souffla une minute et reposa discrètement les yeux sur la salle : tous les élèves étaient retournés à leurs cahiers. Soulagé, Andrew se reconcentra sur l'article, content de ne pas avoir éveillé les soupçons bêtement. Ayant fini sa lecture, il reposa la Gazette et inspecta la pièce. Il ne savait plus trop quoi penser de son métier. Il ne savait plus trop auquel il songeait en pensant à cela. Était-ce le poste de professeur contre les forces du mal qui le fatiguait ou celui de mangemort ? Quoiqu'il en fût, les deux ne seraient pas compatibles très longtemps. Bizarrement, l'heure passa plus vite que prévue. Après avoir observé le plafond de la salle, Andrew avait retenu qu'il y avait plus d'une dizaine de trous et avait même pris la responsabilité d'en informer le concierge le plus vite possible avant que le plafond ne s'effondre.
Malheureusement pour lui et contre sa pensée, personne ne vint prendre la relève d'Andrew. Il allait devoir garder la salle d'étude aussi longtemps que personne ne viendrait l'en libérer, faute de pouvoir laisser les élèves seuls. Grâce à Merlin, la salle se vidait de plus en plus et ainsi diminuaient les risques d'un chahut assourdissant. Soudain, un bruit retint son attention. Quelqu'un l'avait très distinctement appelé. Il balaya la salle du regard et son attention fût retenue par une masse brune : Dorcas Meadows. Andrew s'avança, s'accroupit près d'elle et demanda : « Qu'y-a-t-il ? »