Je pris une grande respiration. Comme il faisait bon respirer l’air froid d’un dimanche matin enneigé. Le soleil plombait sur la neige, il n’y avait personne dehors et j’étais habillée assez chaudement pour combattre ce froid hivernal. C’était le calme plat. J’étais tranquille pour au moins une bonne heure encore avant que les autres ne se lèvent et viennent profiter de cette belle journée, tout comme moi. Je décidai de m’asseoir au milieu du sentier qui avait été dégagé afin que les élèves puissent se promener. Tant qu’à être seule, autant mieux en profiter !

J’étais dans la lune depuis je ne sais combien de temps. C’était assez drôle quand ça m’arrivait, assez fréquemment. J’étais comme en transe. Consciente de ce qui se passait autour de moi, mais comme paralysée. Ça pouvait même être effrayant pour les gens qui ne savaient pas ce qui se passait. Je revins à moi peut-être quelques minutes ou quelques heures plus tard. Plusieurs minutes sûrement, car les élèves commençaient déjà à sortir. Je me levai et marchai tout droit. J’atteignis le parc et m’installai sur une balançoire. Je regardai autour de moi. Plusieurs personnes étaient plongées dans leurs occupations. Cet endroit me rappelait mon enfance, quand je m’amusais dans la cour avec mes frères et sœurs. C’était le bon temps ! Alors que nous étions encore réunis, rêveurs et se croyant invincibles, inséparables que nous étions. Mais les temps changent et la vie continue. Il faut apprendre à franchir les obstacles avec dignité et essayer de pardonner, quand c’est possible.

Une jeune fille d’environ son âge vint s’asseoir sur la balançoire à mes côtés. Je la regardai bizarrement au début. Je me demandai pourquoi elle s’assit si près alors que toutes les autres balançoires étaient libres. Peut-être était-elle du genre hyper sociable qui abordait les gens qu’elle rencontrait pour la première fois. Je n’avais pas envie de bavarder. Il est rare que j’ai envie de parler aux inconnus. L’insigne sur sa robe m’apprit qu’elle était à gryffondor. Disons que je n’étais pas en très bon terme avec les gryffondors ces temps-ci. Chaque fois que je parlais avec l’un d’entre eux, je me chicanais. J’avais une mauvaise opinion d’eux, car certains avaient une mauvaise opinion de moi. Je la regardai. Peut-être qu’avec elle ça serait différent…Peut-être qu’avec elle je m’entendrais bien et elle m’aimerait comme je suis. Ça serait une de ces belles journées oû on crée de nouvelles amitiés avec des gens qui, dans le fond, ne sont pas si différents de nous. J’espérais que ça soit le cas !

- Je peux t'aider ? demandai-je d'une voix entre l'ennui et l'intrêt.

Son identité m'interressait peu, à vrai dire. C'était plus pour être polie. Si cette fille était venue vers moi c'est peut-être parce qu'elle se cherchait des amis ou bien elle avait quelque chose à me demander, ou encore voulait de l'aide. Je le saurais bien assez vite. Mon manque d'enthousiasme était visible. Mais elle ne devait pas le prendre personnel. C'est juste que je n'avais pas envie vraiment de parler, mais bon la discussion pouvait bien devenir interessante... ou au contraire, bien tendue. Bref, si elle n'est pas contente, elle n'a qu'à pas être venue et s'en retourner sur-le-champ.