« Comment va ma belle Dorcas chérie ce matin? »

Les bruits de la fin du petit déjeuner résonnaient partout autour de moi, comme un grand concert dans la Grande Salle, mais pourtant, malgré la cacophonie de tous et chacun, je L'entendis beaucoup trop bien. Lui, celui qui me faisait fuir à tout moment, par ses demandes incessantes, ses remarques obscènes et sa présence nonchalante à mes cotés à tous les jours. Lui, Sirius Black, le garçon le plus têtu que le monde des sorciers et le monde des moldus réunis aient jamais porté, ce même jeune homme qui est persuadé qu'à la fin de l'année en vigueur je serai sienne. Pour tout vous dire, il rêve carrément en couleur, le Gryffondor. N'a-t-il point compris que sa technique ne marchera jamais avec moi? Que jamais je ne pourrai l'aimer, quoiqu'il fasse, quoiqu'il dise, quoiqu'il soit? Parce qu'il faut bien se l'avouer, la reine de glace que je suis ne pourra jamais, au grand jamais, aimer quelqu'un comme lui, ni personne d'autre, d'ailleurs. Bon, je l’avoue, je ne crois pas moi-même à mon non-pouvoir d’aimer, mais le fait de le faire croire aux autres me permet d’être plus forte à leurs yeux, d’être un être supérieur, qui pourrait leur faire peur.

Sans même lever les yeux de mon recueil des contes de Beedle le barde, je lui répondis, de ma voix qu'à seul lui je réserve, un mélange d'ironie et d'exaspération totale, qu'il adore, j'imagine, puisqu'il revient toujours vers moi:

« Elle allait très bien avant que tu arrives, mais maintenant, il semblerait que cela ne soit plus le cas, comme d’habitude. Mais tu sais quoi, Sirius? Je crois sincèrement que ta chère Dorcas, celle que tu idéalises beaucoup trop, sur qui tu as fait un pari comme quoi elle serait tienne d’ici la fin de l’année, tu sais bien, celle-là, hé bien elle ira beaucoup mieux lorsqu’elle sera le plus loin possible de toi, ce qui arrivera dans moins de trente secondes. »

Et sans même un regard vers lui, j’attrapai mes livres de cours, un croissant et toute mon amertume envers lui pour me diriger vers la sortie de la salle. Il n’y avait pas à dire, il m’embêtait encore et toujours. Sortant rapidement de la salle, je ne pris pas conscience immédiatement de mon oubli de mon livre de défense contre les forces du mal. Ce ne fût qu'à mon arrivée dans le hall que je pris conscience de ma gaffe; Sirius allait presque certainement en faire sa possession exclusive, ce qui devrait certainement être une véritable partie de plaisir pour moi, qui devrai aller le récupérer, d'une manière ou d'une autre, ce qui devrait me coûter cher, très cher. Sirius prenait toujours un plaisir malsain à me faire souffrir d'une manière ou d'une autre pour que je puisse enfin récupérer ce qui m'appartenait. Je m'exclamai, en colère contre moi-même :

« Mais c'est pas possible! »

Pourquoi cela n'arrive-t-il qu'à moi?!